Construire en biosourcé : ce que les maîtres d’ouvrage doivent absolument savoir sur l’assurance

Paille, chanvre, terre crue, ou même torchis : ces matériaux séduisent de plus en plus de propriétaires qui souhaitent rénover ou construire de manière durable, écologique et cohérente avec le bâti ancien.
Mais dès qu’on parle d’assurance, les choses se compliquent : “Ce n’est pas assurable”, “C’est une technique non courante”, “L’assureur ne veut pas”…

Bonne nouvelle : dans la réalité, la plupart de ces inquiétudes reposent sur des malentendus.
Voici 4 clés simples, essentielles pour tout maître d’ouvrage qui veut mener sereinement un chantier en matériaux biosourcés.

 

 

1. On n’assure pas un matériau, mais la responsabilité du professionnel

Contrairement à une idée tenace, un assureur ne “refuse pas la paille” ou “la terre crue”.
👉 Il assure la responsabilité décennale des artisans qui interviennent.

La garantie décennale couvre :

  • les dommages qui affectent la solidité et la structure du bâtiment,

  • les dommages rendant l’ouvrage impropre à son usage, et ce, pendant les 10 ans suivant la réception des travaux.

Ce n’est donc pas le matériau qui pose problème, mais :
✔ la maîtrise technique de l’entreprise,
✔ sa capacité à mettre en œuvre correctement la technique choisie,
✔ et sa couverture assurantielle réelle.

Votre priorité : choisir un professionnel formé, expérimenté et assuré pour la technique qu’il utilise.

2. Pourquoi un matériau millénaire peut être classé « non courant »

l est fréquent que la terre crue ou certaines techniques traditionnelles soient classées en Technique Non Courante (TNC).


Cela ne signifie pas qu’elles sont “dangereuses” ou “exotiques”, mais qu’elles ne disposent pas encore d’un référentiel technique moderne.

Pour être reconnue “courante”, une technique doit être documentée dans :

  • un ATec (Avis Technique)

Sans ces documents, l’assureur ne peut pas évaluer le risque de manière standardisée, même si la technique est ancestrale.
La bonne nouvelle : des filières entières (paille, chanvre) sont déjà devenues “courantes” après normalisation.

3. En cas de sinistre dans 10 ans, c’est l’assurance du premier jour du chantier qui intervient

C’est une règle méconnue, mais essentielle pour vous protéger.
➡️ En cas de problème, ce n’est pas l’assureur actuel de l’entreprise qui indemnisera,
➡️ mais celui qui la couvrait au PREMIER jour du chantier.

Conséquences pratiques :
demandez l’attestation d’assurance datée de l’ouverture du chantier,
✔ vérifiez que la technique (paille, chanvre, terre…) y figure,
✔ conservez ce document précieusement pendant 10 ans.

Votre protection dépend autant de votre archivage que de celui de l’artisan.

4. Technique Non Courante ne veut PAS dire “projet inassurable”

Beaucoup de propriétaires paniquent à tort : une TNC est parfaitement assurable, mais exige une étape obligatoire :

👉 L’entreprise doit déclarer cette technique à son assureur AVANT le début des travaux.

L’assureur étudie alors le risque :

  • nature des travaux,

  • compétences de l’entreprise,

  • recours ou non à un bureau de contrôle,

  • caractéristiques du bâtiment…

À l’issue, il peut :
✔ accepter,
✔ accepter avec surprime,
✖ refuser en cas de risque trop élevé.

➡️ Le seul vrai danger pour vous serait un artisan qui n’a pas déclaré la technique.
En cas de sinistre, cela peut entraîner une absence totale de garantie.

Conclusion

Construire ou rénover en matériaux biosourcés n’est pas “plus risqué” ni “moins assurable”.
C’est simplement un domaine qui demande :
✔ rigueur,
✔ professionnels qualifiés,
✔ transparence avec les assureurs,
✔ et un minimum de connaissances pour éviter les pièges.

La bonne nouvelle : les filières progressent rapidement, les référentiels se multiplient, et l’assurabilité des techniques écologiques s’améliore année après année.

Oui, on peut construire écologique, durable et être assuré.
Et chez Maisons Paysannes, nous plaidons pour une connaissance plus fine de ces enjeux afin de préserver nos savoir-faire… et la sérénité des maîtres d’ouvrage.

 

Les trois documents indispensables avant travaux
  • Attestation décennale valable pour l’année du chantier
  • Mention explicite de la technique (paille, chanvre, terre…)
  • Preuve de déclaration si la technique est TNC
TC / TNC en bref

TC = technique reconnue et documentée. TNC = pas encore normalisée, assurable après déclaration.

Les bons réflexes du maître d’ouvrage
  • Vérifier l’assurance et l’expérience de l’entreprise
  • Conserver les attestations pendant 10 ans
  • Privilégier des artisans formés aux techniques traditionnelles
  • Exiger le Procès verbal de réception des travaux en fin de chantier; c'est ce document qui déclenche la RC Décennale de l'entreprise. En son absence, l'assureur ne pourra pas faire jouer la garantie. 

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