Sortie MP24 – Samedi 11 octobre
Promenade autour de la pierre sèche et de la vigne — Daglan (Périgord)
Introduction
Déroulé de la journée
- 9h30 : rendez-vous à la Maison de la Pierre Sèche et du Causse à Daglan.
- Visite guidée par Jean-Jacques Jarrige, conservateur bénévole du musée.
- Balade d’environ deux heures sur le causse : observation de murets, cabanes, pierriers et restanques.
- Repas convivial puis visite complète du musée et du village.
À propos du musée
La Maison de la Pierre Sèche et du Causse est un lieu associatif consacré à la valorisation du patrimoine vernaculaire : cabanes, murets, outils agricoles, mémoire des pratiques liées à la vigne et à la truffe. On y découvre plusieurs espaces thématiques : la pierre sèche, la flore du causse, les vignes anciennes, la truffière, le four à pain et la cave aux outils d’antan.
Une Visite Passionnante
La visite débute par une rencontre avec Jean-Jacques Jarrige, conservateur bénévole de ce musée qui nous reçoit chaleureusement. Énergique et profondément engagé, son but est de promouvoir l'art de la construction en pierre sèche, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.
À la découverte des constructions en pierres sèches du Causse de Daglan
Nous partons explorer la forêt du Causse de Daglan pour découvrir quelques-unes des centaines de constructions qui ont existé. On en dénombre entre 130 et 150 encore en bon état, bien que certaines soient en danger si des actions ne sont pas entreprises dans les années à venir.
Un peu d'histoire
Pour comprendre cette concentration de constructions en pierres sèches, un peu d'histoire s'impose.
Au 19ème siècle, la population, principalement rurale, cultivait la vigne, et le vin s'exportait bien par la rivière Dordogne. Les paysans défrichaient et dépierraient toujours plus de parcelles pour élargir leurs surfaces de vignobles. Selon les archives départementales, Daglan possédait 640 hectares de vignes.
Les pierres extraites de ce travail ardu des sols étaient rassemblées en tas appelés pierriers ou cayrous. Elles servaient ensuite à construire des murets délimitant les parcelles cultivées, ainsi que des cabanes et abris.
Les premières étaient destinées aux paysans qui, éloignés de leur domicile, pouvaient y passer la nuit. Les seconds, comme leur nom l'indique, offraient une protection temporaire contre les intempéries ou le soleil, le temps d'une pause. Ces abris étaient généralement aménagés dans l'épaisseur de murs ou d'un cayrou, souvent conçus pour une seule personne.
Ces paysans, bâtisseurs improvisés, ont donné à ces cabanes des formes empiriques, variant selon la topographie du sol et la qualité des pierres extraites. Ces particularités font que chaque cabane est souvent unique par rapport à ses voisines.
Il est à noter que les pierres étaient extraites brutes du sol, et les paysans, fréquemment loin de leur village, ne disposaient ni d'outils, ni de mortier, ni de bois. Ils ont donc monté ces constructions comme ils pouvaient. Les murs, mesurant entre 80 et 100 cm d'épaisseur, étaient élevés jusqu'à l'encorbellement de la cabane, le toit étant traditionnellement réalisé avec les plus grandes pierres (lauzes).
Un héritage laissé par nos ancêtres
Tout cela a été progressivement abandonné avec l'arrivée du phylloxéra en Dordogne, dès le milieu du 19ème siècle, jusqu'au début du 20ème siècle.
Lors de notre promenade en forêt, grâce aux explications captivantes de Jean-Jacques, nous avons pu admirer plusieurs de ces constructions, chacune présentant une particularité différente.
Nous ne pouvons qu'admirer le travail, le savoir-faire, voire le génie et surtout le courage de nos ancêtres. Ils nous ont laissé une trace extraordinaire de leur histoire, de notre histoire.
Galerie photos
Maison de la Pierre Sèche – point d’accueil et d’exposition. |
Vous pouvez consulter ici la galerie photo
Carte du parcours
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Carte du parcours : Maison de la Pierre Sèche, cabanes, murets et truffière. |
Découverte de la Maison de la Pierre Sèche
Après le repas, nous retrouvons Jean-Jacques à la Maison de la pierre sèche, qui nous a fait découvrir les différents espaces :
Espace nature : un lieu avec des plantations emblématiques du Causse et des panneaux didactiques (arbres, flore des murs, orchidées).
Vignes : quelques pieds de 12 cépages différents sont cultivés sur le site.
Truffière : un petit bâtiment en pierres sèches, comprenant des explications à l'intérieur, entouré de quelques arbres truffiers.
Four à pain : construit en pierres sèches.
Cave : présentant des photos et de vieux outils.
La journée s'est conclue par une visite du village pour certains d'entre nous.
Focus : la pierre sèche
La pierre sèche est une technique de construction sans mortier. Chaque pierre est choisie et ajustée avec précision pour garantir la stabilité des murs. Les cabanes, murets et terrasses témoignent de ce savoir-faire ancestral, transmis de génération en génération.
À savoir
- Qu’est-ce qu’une cabane en pierre sèche ? Une petite construction montée sans mortier, souvent à encorbellement ou en voûte, servant d’abri ou de lieu de stockage.
- Pourquoi ce patrimoine est-il en danger ? Abandonné après la crise du phylloxéra et les changements agricoles, il souffre du manque d’entretien, de la végétation et du déficit d’artisans formés.
Observations et enseignements
Chaque cabane observée présente des particularités liées à la topographie et à la forme des pierres locales. Le groupe a mesuré l’ingéniosité et la ténacité des paysans du XIXᵉ siècle, qui ont bâti ces ouvrages sans outils modernes.
🟩 Cabanes en pierre sèche et bories : quelles différences ?
🪨 Les cabanes en pierre sèche du Périgord se distinguent des bories provençales, bien qu’elles reposent sur la même technique de construction sans mortier.
Les cabanes du Causse de Daglan sont plus modestes : elles étaient bâties par les paysans eux-mêmes à partir des pierres extraites des champs, pour servir d’abris temporaires durant les travaux agricoles. Leur forme est souvent circulaire ou ovale, avec une couverture en encorbellement faite de lauzes locales.
Les bories de Provence, en revanche, présentent une maçonnerie plus soignée, un plan régulier et servaient parfois d’habitat saisonnier ou permanent (bergerie, remise, habitation secondaire).
En résumé, la cabane périgourdine illustre l’ingéniosité rustique et la sobriété du monde paysan local, tandis que la borie provençale témoigne d’une tradition plus élaborée, mais apparentée.
Participer
Pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine en pierre sèche, la Maison de la Pierre Sèche propose des chantiers participatifs et des formations. Rejoignez-nous ou adhérez à Maisons Paysannes de Dordogne.
Visitez notre blog – Contact : maisonspaysannes24@gmail.com
Article rédigé par MP24 (merci à Marie et Jean-Marie nos reporters et photographes) — Sortie du 11 octobre 2025. Photos : équipe MP24 et Maison de la Pierre Sèche de Daglan.
Très belle sortie
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